Pardonner n’est pas excuser – Olivier CLERC
« Dans le langage courant, les verbes pardonner et excuser sont souvent employés l’un pour l’autre, d’où cette confusion. « Excuse-toi! » dit-on à un enfant qui aussitôt murmure penaud « Pardon… ». En réalité, ce sont des choses très différentes. Quand j’excuse quelqu’un, cela veut dire que je ne retiens plus aucune charge contre lui. Quand je lui pardonne, cela veut dire que je cesse de le détester, de lui en vouloir. On est dans deux registres différents.
On notera au passage que s’excuser soi-même (« Je m’excuse ») est une pratique un peu douteuse; par analogie, imaginez quelqu’un qui vous dirait : « Je me pardonne! ». Il est plus juste de présenter ses excuses, excuses que l’autre est libre d’accepter ou non. Présenter ses excuses, c’est reconnaître ses torts. Cette reconnaissance exprimée permet à l’autre de décider comment y réagir : excuser ou non, pardonner ou pas, excuser sans pardonner, etc.
La pratique du pardon exige donc une conscience plus aiguë de ce qui se passe en nous, et en particulier une meilleure distinction entre ce qui se passe dans notre tête, dans notre coeur et aussi dans notre corps. Cette distinction se reflétera ensuite tout naturellement dans le vocabulaire auquel nous ferons appel pour nous exprimer : le coeur pardonne ou non; le mental excuse ou pas; et le corps accepte ou non. Nous avons la chance d’avoir, en français, une langue d’une grande richesse : encore faut-il développer en soi la sensibilité aux nuances intérieures que ce riche vocabulaire permet d’exprimer.
Retenez donc de ce qui précède que vous pouvez tout à fait pardonner, sans que cela vous conduise à accepter, cautionner ou excuser des actes que vous jugez inacceptables et inexcusables. »
Olivier CLERC
Extrait de son livre Peut-on tout pardonner? (Ed. Eyrolles)
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