Pardonner, ce n’est pas être faible – Olivier CLERC

« Le pardon, ce serait un signe de faiblesse. (…) Cette position me paraît doublement fausse. Premièrement parce qu’elle laisse entendre que celui qui jamais ne s’excuse, jamais ne demande pardon pour ses fautes, serait quelqu’un de fort. Mais de quelle force parle-t-on en réalité? De la force du déni, de la résistance de l’égo, d’une force purement personnelle qui se construit dans l’opposition et la séparation…

Cette force-là, que doit déployer au quotidien celui qui nie sa responsabilité, puise dans ses propres ressources : au final elle l’affaiblit, elle le rigidifie sur ses positions, elle le coupe de la vie. Cette force, finalement très illusoire, m’apparaît surtout comme un aveu de faiblesse caché : « Je ne sais pas lâcher » dit-elle, « Je dois tout contrôler, je dois me défendre et me protéger à tout prix, je suis dans un combat permanent, fût-ce contre la vie elle-même ».

Deuxièmement, qu’en est-il de la prétendue faiblesse de celui qui sait reconnaître ses torts, demander pardon, s’efforcer de réparer? C’est la faiblesse de celui qui ose poser son armure trop lourde pour marcher plus légèrement, pour rester souple, rapide et mobile. (…) Il y a des forces apparentes qui cachent des faiblesses redoutables, et des faiblesses qui sont en réalité de grandes forces. Reconnaître ses torts, savoir demander pardon, c’est se libérer du fardeau écrasant du jugement, du déni, voire de la haine. C’est s’alléger. C’est se remettre dans le flot de la vie et être à nouveau porté par elle.

« Il faut qu’il croisse et que je diminue » disait Jean le Baptiste à propos du Christ, une phrase qui signifie symboliquement parlant : « Il faut que l’esprit croisse en moi et que mon égo diminue ». La vraie force n’est pas dans l’égo, la petite personnalité limitée. Elle est dans l’étincelle de vie, le Soi qui nous habite. C’est cette force là que manifestait un Gandhi, par exemple, malgré sa petite taille et sa maigreur. Une force qui a fini par faire plier un empire entier, parce que ce n’était pas une force personnelle issue des revendications ou des résistances de son égo.

En réalité, contrairement aux apparences, oser demander pardon requiert une grande force intérieure, une confiance en la vie, une forme d’abandon à plus grand que soi. Du coup, il n’est plus nécessaire de renforcer les défenses et les remparts de son égo, de se justifier, de se protéger, de tout contrôler, de ne rien céder.

C’est peut-être justement parce que cela demande un courage et une force qui ne sont pas ceux de l’égo, que le pardon nous semble parfois difficile à mettre en oeuvre. Ceux qui s’y osent ressortent libérés et fortifiés de l’expérience : certainement pas affaiblis ni diminués.« 

Olivier CLERC
Extrait de son livre Peut-on tout pardonner? (Ed. Eyrolles)

Prochains cercles de pardon au Canada

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