L’agitation de l’âme – Patrick Burensteinas
« Prenez un fil électrique, faites passer du courant, il s’agite, il fait résistance, ce qui veut dire que chaque fois que vous avez des émotions, vous faites résistance. Nous, êtres humains, pour faire la pierre (philosophale) à l’intérieur, il faudra perdre nos émotions. En perdant nos agitations, on perdra nos émotions et on trouvera l’Amour, la Lumière.
Si on veut retrouver notre immobilité, il faudra que nous perdions notre agitation. L’agitation, c’est l’âme, c’est le soufre que nous avons en nous en naissant. Il va falloir que nous trouvions un moyen de l’éliminer, et la seule manière de l’éliminer c’est de le transmuter. Cette énergie, nous devons la transformer en autre chose comme quand nous freinons avec une voiture, les plaquettes de freins font que nous transformons du cinétique, du mouvement, en chaleur. Nous, il faut qu’on élimine le mouvement et nous n’avons trouvé qu’un moyen, c’est l’émotion. À chaque fois qu’on exprime une émotion, on freine un peu, et à chaque fois qu’on fabrique une émotion, on accélère. C’est bien pour cela qu’il faut se vider l’âme.
C’est aussi l’histoire de la tentation diabolique. Le diabol c’est celui qui fractionne. Un diabol, un démon – peu importe les croyances diverses – c’est un type qui est plein de soufre, d’ailleurs il apparaît toujours dans un nuage de soufre. Il a plein d’émotions et il se dit : plutôt que de les dépenser moi-même, je vais trouver un homme qui a une âme pas trop pleine, je vais vider mon soufre à l’intérieur, et une fois que cela sera fait ce ne sera pas à moi de m’en débarrasser, mais ce sera à lui de le faire. On appelle cela la tentation : comment transférer l’agitation de quelqu’un à quelqu’un d’autre.
Nous, on n’est pas des démons, mais on procède aussi comme cela, c’est ce qu’on appelle la culpabilisation. L’émotion, on ne sait pas quoi en faire, c’est comme du papier collant on essaye de le refiler à quelque chose. C’est même mécanique, si vous vous mettez un coup de marteau sur le doigt, vous allez jeter le marteau. Si vous prenez une porte dans la figure, vous allez taper la porte. Si on n’arrive pas à le faire, on transmettra l’agitation à ses proches (parent, épouse, enfant) en les culpabilisant. C’est affreux les liens. On ne se rend pas compte de tout cela quand on dit : « Je suis très attachée à cette personne ».
Donc l’âme c’est l’agitation; le spiritus, l’esprit, c’est ce point d’immobilité; le corps, c’est la forme définie par le mouvement. »
Patrick BURENSTEINAS
Extrait de son livre De la matière à la Lumière (Le Mercure Dauphinois)