L’Oratoire Alchimique – Patrick BURENSTEINAS
« Si l’alchimiste considère que l’on vit naturellement dans ce monde, celui de la matière, le fait que cette matière soit cohérente avec nous est un drôle de hasard. Si, par exemple, je vibrais d’une manière légèrement plus dense – c’est-à-dire moins vite – ce monde serait de la fumée pour moi. Si je vibrais légèrement plus vite, c’est moi qui serais de la fumée pour ce monde. Donc, le fait qu’il soit solide n’est qu’une question de réglage…
La preuve, c’est qu’il y a plein de musique ici et qu’on ne l’entend pas ; mais si je prends un poste de radio et que je le règle sur la bonne fréquence, la musique que je n’entends pas en ce moment pourrait me rendre sourd. Donc, est-ce qu’elle existe ou pas ? Cela dépend du récepteur. Peut être que sous certaines conditions, nous sommes capables de changer le récepteur, de nous étalonner autrement et de nous rendre compte qu’il y a peut-être autre chose qui vit naturellement à des fréquences légèrement différentes. A ce moment là, on peut peut-être échanger, faire un certain nombre de choses. Ça, c’est L’oratoire.
En Alchimie, la partie oratoire est essentielle, sinon on ne travaillerait pas dans un laboratoire, on travaillerait dans un « labor ». Donc, si on travaille sur les deux, l’expérimentateur a une place dans l’expérience. Soit cet expérimentateur se considère lui-même intercesseur entre les hommes et les dieux, et dans ce cas tout va bien, il n’a pas besoin d’aller chercher à l’extérieur. Soit, il n’a pas, pourrait-on dire, assez confiance en lui, et à ce moment-là, il va avoir besoin d’intercesseurs. Il va imaginer. Est-ce qu’ils existent ou pas? Comme de toute façon nous n’en savons rien. Si je suis suffisamment convaincu de quelque chose, ça va être vrai. Par conséquent, nous pourrions imaginer qu’il utilise un rituel. Mais, est-ce que le fait d’être dans son laboratoire n’est pas déjà un rituel ?
Quand je vais chercher de la rosée, qu’est-ce qui est le plus important ? La rosée ou le fait que je me lève tous les jours à quatre heures du matin, que j’accepte de le faire et que je me mette en harmonie avec la nature ? Si je le fais alors que c’est une corvée, cela ne marchera jamais ! Mais si je veux le faire parce que je suis bien, c’est un pas de plus vers l’Unité.
J’ai de plus en plus l’impression que tous les rituels qu’il y a autour – il faut prendre ça à tel moment, il faut faire ça à telle saison – ne sont que des choses qui nous conduisent sur le chemin de l’Unité mais qui n’ont en soi aucun intérêt ou très peu d’intérêt. De fait, la partie oratoire est indissociable de la matière puisqu’on est parti du Verbe tout à l’heure et que la matière n’est que la manifestation de ce Verbe. Au bout de la matière, au cœur de celle-ci, je retrouverai la vibration, je retrouverai le Verbe.
Qu’est-ce que l’oratoire si ce n’est pas cela ? C’est bien créer à partir du Verbe, c’est bien la vibration initiale. Mais, je pense que l’Alchimie est une voie de liberté absolue et, en tant que telle, elle doit s’affranchir de tout dogme, de toute culture, de toute religion. Par conséquent, aucun alchimiste ne devrait dire : Cette voie est la seule. On ne peut pas avoir une position aussi tranchée que ça. Je crois que le fait de le dire prouve qu’on n’a pas trouvé.
Tout le monde peut pratiquer l’Alchimie. Maintenant, la question n’est pas de savoir qui peut pratiquer l’Alchimie, mais pourquoi. L’Alchimie, pour moi, est un outil comme un autre (bon pour moi parce que ça m’a plu, mais peut-être nul pour quelqu’un d’autre). Mais la seule question que l’on pourrait se poser est pourquoi : Qu’est-ce que je cherche ? Quelle est la quête que je veux entreprendre? Après, on pourra se poser la question de savoir quelles méthodes on va utiliser. Mais avant tout, la question doit être : Qu’est-ce que je cherche ? La qualité essentielle, oserais-je dire, est de le savoir.
On est ici dans un monde où l’on a toujours ce que l’on veut. Paradoxalement, cela paraît affreux de dire ça. Mais quand on pose la question à des gens qui vivent des vies difficiles, on dit : Mais, qu’est-ce que vous voulez vraiment ? A 90%, ils vont dire : Je n’en sais rien ! On pourrait leur répondre : Mais c’est exactement ce que vous avez ! Vous ne savez pas ce que vous voulez, et c’est ce que vous avez. Donc, ne vous plaignez pas !
Et lorsqu’on va prendre la voie de l’Alchimie on n’a pas, à 90% – pour ne pas dire plus – la moindre idée d’où l’on va, de ce que l’on va faire ou d’à quoi ça sert. On s’imagine que c’est un truc mystérieux. On a été contacté par quelqu’un, ou on a entendu quelqu’un nous parler d’Alchimie, et on se dit : Ça y est, je vais entrer dans le secret des dieux, et tout de suite, et je vais avoir des révélations extraordinaires qui vont changer ma vie et qui vont faire que je vais devenir différent. C’est le côté très romantique de la chose, et c’est ça qui nous intéresse vraiment au début. Mais lorsqu’on sait le travail que cela peut demander au début, quand on a commencé à faire deux ou trois expériences, ça n’est pas du tout romantique ! C’est fastidieux, c’est ennuyeux, c’est désagréable, c’est tout ce que vous voulez. Et puis, il n’y a aucun résultat. On va fondre cinquante mille fois le même truc pour avoir un bout de scorie puant et puis on va dire : Ça ne marche pas. Ah oui, tiens… C’est pas du tout comme ça qu’il fallait faire. Et ainsi de suite.
Et au fil du temps, il va se passer quelque chose. Les scories, on va les retirer non seulement de la matière, mais aussi de nous-mêmes. Et petit à petit, ça va être de plus en plus simple. Petit à petit, il va se passer quelque chose. Mais, avant de prendre la voie, et même pendant un certain temps par la suite, on n’a pas la moindre idée de ce que c’est et d’où ça mène. À la limite, je dirais qu’au début, c’est un succès d’estime. C’est quelqu’un que l’on connaît, et dont on dit : Celui-là, il a l’air super. Tu as vu, c’est un grand magicien, il fait plein de trucs. Donc s’il m’apprend ça, ça va être génial pour moi. Mais, c’est la seule clef que l’on peut avoir, la seule clef.
Donc, la qualité essentielle, pour moi, c’est la patience. J’insiste vraiment sur la liberté absolue : pas de maître, pas de gourou, pas de dogme, pas de vérité absolue. Il faut savoir que les voies initiatiques sont des voies solitaires. Le chemin, on le fait forcément tout seul. Par conséquent, personne ne peut vous dire dans cette voie : Ça, c’est bien, ça c’est pas bien. On peut seulement dire : Voilà, moi j’ai fait ça, et il s’est passé ça. Essaie. C’est tout. Mais, j’insiste sur la liberté, pas de gourou surtout ! »
Patrick BURENSTEINAS
Extrait d’une entrevue réalisée par France-Spiritualités.
Merci …..nous sommes bien raccord.Bonne soirée l’Ami…ainsi que pour Vos proches.Très bel article
J’aimeJ’aime
Merci pour ce texte trés éclairant!
J’aimeAimé par 1 personne