Cessons de voir petit et nourrissons le grand – Simhananda
« Les croyances nous dominent tous! Elles sont structurées et soutenues par certaines formes-pensées qui nous forcent à nous comporter toujours de la même façon. Nous agissons par conditionnement, la plupart du temps inconsciemment, parce que nous ne voulons pas faire l’effort de regarder et de relativiser ce en quoi nous croyons. Nous sommes tellement sous le joug de nos croyances que nous sommes devenus très peu vrais à l’égard de nous-mêmes.
Même lorsque nous vivons certaines expériences extatiques en méditation, cela nous tire vers le bas et nous ramène à la réalité habituelle que soutiennent nos croyances face à nos limitations, celles-là mêmes qui nous dictent ce qui nous est permis ou pas, ce qui est acceptable ou pas de vivre en méditation. Dans un sens, sans cette libération de ce que nous croyons fondamentalement possible ou impossible, adéquat ou inadéquat, il nous est impossible de devenir un homme ou une femme de vision. Ce n’est qu’en élargissant notre perspective que nous pouvons envisager d’inclure ce qui, auparavant, nous semblait invraisemblable et de devenir ce que nous avons toujours été, des êtres libres et non limités.
Afin de nous aider à sortir du marasme existentiel, posons-nous la question suivante : Qu’est-ce qui, à l’intérieur de nous, choisit d’adopter cette croyance qui nous force à vouloir rester petits en dépit de nous-mêmes? Il suffit de pénétrer le petit pour voir qu’il n’est qu’une porte s’ouvrant vers le grand, que le petit contient le grand dans son potentiel et que, mieux encore, il n’y a fondamentalement rien de petit ou de grand. En réalité, il n’y a que la vie qui nous présente certaines expériences, et ces expériences, pour s’exprimer, nécessitent parfois l’apport du petit, parfois celui du grand. C’est en prenant conscience de la grandeur de notre être que nous pouvons inclure tout ce qui semble bipolaire dans notre existence afin de vraiment, mais vraiment vivre pleinement le moment présent.
Soyons conscients que le moment présent n’est jamais moraliste, qu’il exclut tout jugement. Il s’agit plutôt de notre système de croyances qui, en imposant des limites, appose une critique, souvent involontairement. Et là, nous projetons notre pensée, d’abord sur nous-mêmes, puis sur autrui. Lorsque nous critiquons, notre champ de vision se rétrécit de plus en plus pour finalement devenir une multiplicité de corridors étroits qui barrent le chemin, à tout jamais, au vent de la vie ! Ne pouvant plus respirer, ne pouvant plus sentir le vent caresser nos cheveux, pénétrer nos os et notre être, nous étouffons. Nous devenons coincés, crispés, enchaînés. Dans quel but? Ne pas décevoir l’attachement que nous avons créé envers nos croyances?
Ne devrions-nous pas, par un acte de volonté, décider quotidiennement de nourrir un autre but, celui de toujours voir grand? Chaque matin, en nous réveillant, ne devrions-nous pas être prêts à recevoir ce que la vie nous offre comme possibilités? Nous avons un corps qui voyage dans le temps et l’espace sur une planète renfermant de merveilleuses occasions d’apprentissage, impossibles à trouver nulle part ailleurs dans le cosmos. Cessons de voir petit et nourrissons le grand ! «
SIMANANDA
Extrait du livre Les Enseignements de Simhananda (Ed. Paume de St-Germain).