Révolution de la psychologie de l’enfant – à propos de Françoise DOLTO
Pédiatre et psychanalyste française, mère du chanteur « CARLOS », Françoise DOLTO (1908-1988) a consacré sa vie à la cause des enfants en souffrance. Elle grandit dans l’ombre d’une sœur aînée décédée, et d’une mère qui lui reproche d’être en vie, et de ne pas avoir su prier efficacement! À 8 ans, elle parle déjà de devenir « médecin d’éducation » selon ses propres termes : « Un médecin qui sait que quand il y a des histoires dans l’éducation ça fait des maladies aux enfants, qui ne sont pas des vraies maladies, mais qui font vraiment de l’embêtement dans les familles et compliquent la vie des enfants qui pourrait être si tranquille. »
Françoise DOLTO travaille en cabinet avec des adultes et en institution avec des enfants. À l’hôpital TROUSSEAU à Paris, elle assure des consultations gratuites entre 1940 et 1978. En 1964, elle crée l’École freudienne de Paris avec Jacques LACAN. Complètement en marge de la psychologie universitaire, elle intervient régulièrement dans une émission de radio grand public où elle vulgarise la psychanalyse. Françoise sera la première à enseigner en faisant assister ses collègues à toute la durée de ses cures avec les enfants. Ses méthodes sont révolutionnaires, à une époque où l’on considérait le malaise ou la souffrance psychologique comme une débilité irréversible, et le nourrisson comme un tube digestif sans pensées ni émotions!
Pour DOLTO, tout d’abord, l’enfant n’est pas la propriété des parents. Elle le considère comme une personne à part entière, et nous assure que, avant même de parler, il communique déjà par un langage non-verbal, par des mouvements du corps. Ainsi, apprendre à marcher serait lié à la volonté de s’affranchir des parents. Elle étudie l’origine du complexe d’Œdipe et l’importance du rôle du père, car à travers le père l’enfant comprend qu’il n’est pas tout pour sa mère, ce qui le frustre et permet l’individuation. Lors de ses consultations, elle demande aux enfants de faire des dessins, qui représenteraient la prise de conscience de leur propre corps, une étape de la structuration de l’individu.
Françoise DOLTO accorde une grande importance à la parole dans la construction des individus. S’adresser directement à l’enfant en lui parlant de ce qui le concerne dans un langage qui lui est accessible peut l’aider à se construire : « L’enfant a toujours l’intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit ». Elle conseille de ne pas mentir à l’enfant, car « on ne peut mentir à l’inconscient, il connaît toujours la vérité ». Dans « La Difficulté de vivre », elle explique comment répondre à un enfant qui pose des questions sur sa naissance. « Dire à un enfant très tôt de quoi il souffre, pour qu’il compense afin de devenir plus fort. Il y a toujours une possibilité de joie quand il y a communication ». Elle préconise aussi de donner de l’attention et de l’amour aux bébés, au-delà des gestes techniques qui constituaient souvent le seul lien tissé entre l’enfant et ses parents, au moment où la société entraient dans la course aux armements et la production en chaîne. Au cours des années 40, ses méthodes font chuter de moitié les taux de mortalité dans les orphelinats. « L’enfant étant une procréation, il ne devient une œuvre d’un couple que s’il y a eu éducation. Et cette éducation, ce n’est pas le langage des mimiques, c’est le langage des valeurs des choses qui est donné par tout le comportement et le langage verbal qui sont les mots justes ».
Françoise DOLTO fera paraître des ouvrages majeurs comme : « Au jeu du désir », « L’image inconsciente du corps », « La cause des enfants ». Celle qui parlait à son ange gardien s’éteindra le 25 aout 1988 à Paris d’une fibrose pulmonaire. Elle a demandé que soit inscrit sur sa pierre tombale : « N’ayez pas peur ! ». Pour plus d’informations : www.dolto.fr
Voir le film « Françoise DOLTO, le désir de vivre » avec Josiane BALASKO (Serge LE PÉRON, 2009)
Estelle GALPAROLI (Suneva)
Une si jolie étoile qui a tant apporté par sa lumière….Merci
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