Chaque minute compte – Simhananda
« Nous pensons toujours à demain et, pendant ce temps, notre vie, à l’image de la brièveté de la lumière d’une chandelle, nous achemine inévitablement vers la mort; personne ne peut l’éviter. Au moment où la mort survient, à quoi auront servi tous ces débordements, ces crises d’importance et ces démonstrations d’arrogance qui auront meublé allègrement la scène de notre existence?
Shakespeare décrit bien, dans cette scène de « Macbeth » (Acte V, scène V) le désespoir inévitable de la personnalité frustrée, alors qu’elle ne peut assouvir ses désirs. En effet, pour quiconque ayant un peu vécu, il peut sembler déprimant de considérer la vie uniquement du point de vue d’une existence éphémère et mortelle. Heureusement pour nous, pendant cet interlude qu’est notre vie terrestre, l’évolution de l’âme ne s’arrête jamais.
Il s’avère donc impératif de rester alerte, conscient et vigilant jusqu’à l’ultime souffle de l’existence, puisque l’évolution de l’âme se poursuit à ce moment, et même au-delà. Nos dernières pensées comptent énormément. Chaque pensée compte, la nature humaine étant celle de penser. Faire le vide se veut donc une impossibilité. Nous ne pouvons demander au tigre ou au crocodile de renoncer à sa nature propre; aussi, comment pouvons-nous exiger, de notre esprit humain, qu’il renonce à exprimer sa propre nature? Que nous le voulions ou non, nous ne pouvons arrêter de penser. D’ailleurs, puisque c’est l’âme qui attribue au corps le pouvoir de la pensée, lorsqu’elle n’habitera plus le corps, il y a de fortes chances que nous ne penserons plus du tout de la même façon!
Savoir que l’âme humaine évolue jusqu’au moment de la mort implique que chacun doit faire de son mieux, et cela, dans la vie présente. Tous, nous devons évoluer; telle est notre responsabilité. Personne ne peut fuir ses responsabilités. Aussi, chaque minute compte.
Observons-nous. Quelle est l’énergie qui émane de nous? Quelles pensées entretenons-nous? Quelles sont nos intentions envers autrui et envers notre propre vie à travers les différentes situations de notre quotidien? Quel genre d’amour cultivons-nous, sachant que l’amour doit passer à travers tous les pores de notre peau, à travers tous les organes de notre corps? L’amour transparaît-il à travers nos yeux, à travers notre souffle, dans nos gestes et notre voix, dans la façon dont nous regardons autrui et dont nous nous regardons?
(…) L’âme, lorsqu’elle se libère du corps, reconnaît immédiatement son unité en essence avec les autres âmes en existence. Elle reconnaît l’interconnexion. Certaines formes de yoga mettent l’accent sur l’impartialité ou l’impersonnalité. Mais faire preuve de trop d’impersonnalité entrave la communication adéquate avec autrui qui, pour avoir lieu, requiert la chaleur de l’émotion humaine. Un être humain est un être émotif; l’émotion est aussi valable que la pensée. Il nous faut apprendre à aimer et à respecter les émotions qui traversent notre être, qui cherchent à s’exprimer, et non en avoir honte. Trop souvent, en essayant de les contrôler, nous nageons à contre-courant.
La discipline s’avère nécessaire mais aucunement la répression. Rien dans la nature de l’homme ne doit être réprimé. Néanmoins, je n’ai jamais connu de grands êtres qui n’aient pas fait preuve d’autodiscipline. Aussi, lorsqu’un tel être attire un jour vers lui des étudiants, tout en les aimant, il instaure indéniablement une certaine discipline. Tous les grands maîtres le font. »
SIMANANDA
Extrait du livre Les Enseignements de Simhananda (Ed. Paume de St-Germain).
Merci pour ces précieux enseignements étant utiles pour notre épanouissement et évolution personnelle.
J’aimeJ’aime